Résistance bactérienne ? Les phages de Genève à la rescousse

Utiliser les virus bactériophages comme nouvelles solutions thérapeutiques lors d'infections pulmonaires complexes
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Contexte

La bactérie Klebsiella pneumoniae, présente naturellement chez l’homme et l’animal ainsi que dans la nature, est connue pour ses capacités à créer des infections respiratoires chez des personnes fragilisées. Elle est notamment responsable de nombreuses infections nosocomiales. Les antibiotiques de la famille des beta-lactamines, comme les carbapenem, sont souvent utilisées pour lutter contre ces infections. Or ces dernières années, on observe à Genève de nouveaux clones de Klebsiella pneumoniae qui résistent aux antibiotiques carbapenem. Dans des cas similaires de résistance bactérienne, par exemple chez le staphylocoque doré, les thérapies par phages sont de plus en plus utilisées. Les phages sont les virus des bactéries.

 

Projet

Ce projet propose d’étudier la possibilité d’utiliser des phages spécifiques comme solution thérapeutique à ce problème. Pour cela, les chercheurs vont récolter dans les eaux usées des HUG et des centrales SIG de Bois-de-Bay, des phages capables d’attaquer les souches de Klebsiella penumoniae. Ils vont ensuite sélectionner les meilleurs et s’assurer de ne garder que les plus bénins pour l’homme.
Dans un second temps, les mécanismes d’infection de ces phages seront analysés d’essayer d’élucider les mécanismes de résistance utilisés par la bactérie. Enfin, ces phages seront testés en utilisation simple ou combinée avec des antibiotiques contre les Klebsiella.

 

Où en sommes-nous?

Février 2023: Après une première année de recherche, plus de 120 bactériophages qui lysent (tuent) la bactérie multirésistante Klebsiella pneumoniae (en ciblant >100 souches résistantes internationales) ont été isolés des eaux usées genevoises . La morphologie de certains de ces nouveaux phages a été examinée par microscopie électronique et leur génome séquencé. Pour 6 phages, leur activité synergique est testée. Klebsiella peut devenir résisantes aux phages, mais dans ce modèle, elle devient moins virulente et peut être tuée par du sérum humain en laboratoire.

Les travaux de recherche se poursuivent avec un prochain rapport de situation prévu en février 2023.

 

Chefs de Projet

Docteur Diego Andrey, Médecin chef de clinique, Service de médecine de laboratoire, Département diagnostique, Hôpitaux universitaires de Genève & Chef clinique scientifique, Département de Médecine (DEMED), Faculté de Médecine de l'Université de Genève

Professeur Patrick Viollier, Professeur ordinaire, Département de microbiologie et médecine moléculaire (MIMOL), Faculté de Médecine de l’Université de Genève