Contexte
Chez plus de 60% des patients admis en unité de soins intensifs avec le SARS-CoV-2, on a constaté une encéphalopathie, celle-ci étant d’une gravité variable, du délire léger au coma. La physiopathologie de cette encéphalopathie est mal connue à ce stade. Divers facteurs externes (par ex. l’utilisation de sédatifs) et internes liés au SARS-CoV-2 ont été suggérés. La reconnaissance précoce et le traitement approprié de cette pathologie sont pourtant essentiels, car le délire est associé à une augmentation de la durée d'hospitalisation et à une mortalité plus élevée. Des glucocorticoïdes à fortes doses ont été administrés à des patients avec des résultats cliniques favorables. Cependant, les fondements neurobiologiques d'un tel traitement font encore défaut, en plus du risque d'immunosuppression chez les patients présentant une infection virale active.
Projet
Ce projet aborde le problème avec une approche multimodale, utilisant la neuro-imagerie et la biologie. Partant de l'hypothèse globale que l’encéphalopathie est associée à de mauvais résultats cliniques, l’équipe de recherche ambitionne une identification complète de l'évolution clinique de l’encéphalopathie, de ses corrélations neurobiologiques et de l'effet des glucocorticoïdes à haute dose sur les patients.
Ce projet est rendu possible grâce au généreux soutien d'un donateur privé anonyme.
Où en sommes-nous ?
Janvier 2022 : Cette première année de recherche sur l'encéphalopathie liée au SARS-CoV-2 a été très productive et offre l'opportunité importante de comprendre les mécanismes qui sous-tendent cette encéphalopathie : les résultats suggèrent que l'encéphalopathie liée au SARS-CoV-2 n'est pas due à une implication virale directe, mais à une réaction inflammatoire ciblant le cerveau qui est initiée par l'infection. Cette découverte importante permet de proposer un traitement anti-inflammatoire spécifique pour traiter cette encéphalopathie. De plus, les résultats préliminaires permettent de comprendre certains mécanismes suggérant que certains individus ont des facteurs de risque clés pour développer cette encéphalopathie.
Pour les prochaines étapes, l'équipe de recherche va étudier les conséquences à moyen terme de cette encéphalopathie sur le cerveau, mais aussi sur les performances cognitives, comme l'attention ou la mémoire. En effet, il existe un débat intense dans la communauté scientifique concernant les conséquences potentielles de cette infection sur l'accélération des mécanismes neurodégénératifs, tels que ceux retrouvés dans la maladie d'Alzheimer.
Chef de projet
Docteur Gilles Allali, Médecin adjoint agrégé, Service de neurologie, Département des neurosciences cliniques, Hôpitaux universitaires de Genève & Privat-Docent, Faculté de médecine, Département des neurosciences cliniques, Université de Genève