Végétariens, végétaliens et risques cardiovasculaires : une approche scientifique

Identifier les personnes suivant un régime végétarien ou végétalien en Suisse et déterminer s’ils réduisent ainsi les facteurs de risques cardiovasculaires par rapport à la population générale
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Contexte

Les régimes végétariens et végétaliens gagnent en popularité, notamment en raison de préoccupations environnementales et morales. Des études socio-démographiques ont montré que les végétariens et les végétaliens étaient plus susceptibles d'être des femmes et des individus jeunes, faisant partie de catégories socio-économiques plus élevées que les omnivores. Cependant, à défaut de données fiables pour la Suisse, on sait peu de choses sur la prévalence du végétarisme ou du véganisme dans notre pays.

L’alimentation en général joue, on le sait, un rôle important dans le développement de maladies cardiovasculaires et métaboliques. Avec la diminution de la consommation de graisses et de protéines animales et l'augmentation potentielle de la consommation de fruits et légumes par les végétariens et les végans, on peut s'attendre à un impact positif de ces régimes sur la santé. À ce jour, quelques études intéressantes ont comparé les facteurs de risque cardio-métabolique des végétariens et végétaliens avec la population générale. Ils semblaient montrer une diminution du cholestérol total, une baisse de la pression artérielle, une diminution du risque d'obésité, du diabète de type 2, des maladies coronariennes et même une baisse du risque de mortalité et de cancer. À noter cependant que ces travaux sont parfois conduits par le biais d’associations végétaliennes ou de communauté d’intérêts, il serait donc intéressant de vérifier et approfondir ces résultats.

 

Projet

Ce projet consiste dans un premier temps à identifier et répertorier les personnes qui, en Suisse, suivent des régimes végétariens et végétaliens, afin d'obtenir des données socio-démographiques récentes et objectives sur les 10 dernières années. Nous utiliserons "L'étude Bus Santé", échantillon représentatif de la population du canton de Genève, pour évaluer la prévalence des personnes suivant un régime végétarien ou végétalien et leur profil socio-démographique.

Puis, il s’agira de comparer les facteurs de risque cardiovasculaire ainsi que le taux de cancer et de mortalité des végétariens et végétaliens au sein de larges cohortes d'Europe ou d'Amérique du Nord, avec un phénotype alimentaire détaillé. La base de données fournira un suivi à long terme de multiples éléments : habitudes alimentaires, indice de masse corporelle (IMC), tension artérielle, analyses de sang et, plus important encore, mortalité et taux de cancer. L’étude cherchera à établir si les personnes suivant un régime végétarien ou végétalien ont réduit les facteurs de risque cardio-métaboliques, la mortalité et le taux de cancer par rapport à la population générale.

 

où en sommes-nous ?

Octobre 2021: L'étude portant sur 11'000 Genevois a permis d’observer que les personnes avec régime végétarien (pas de viande ou poisson) et flexitarien (viande au maximum 1x/semaine) ont une meilleure santé cardiovasculaire : moins d’obésité, d’hypertension artérielle et d’hypercholestérolémie. Les résultats de ce projet ont fait l'objet d'une publication scientifique dans une revue à politique éditoriale :

Wozniak H, Larpin C, de Mestral C, Guessous I, Reny JL, Stringhini S. Vegetarian, pescatarian and flexitarian diets: sociodemographic determinants and association with cardiovascular risk factors in a Swiss urban population. Br J Nutr. 2020 Oct 28;124(8):844-852. doi: 10.1017/S0007114520001762. Epub 2020 May 18. PMID: 32418548; PMCID: PMC7525113.

Une deuxième étude à plus grande échelle et plus complexe est en cours de réalisation. Elle s’intéressera à plus de 250'000 personnes dans le monde afin d’évaluer l’impact de ces régimes sur la mortalité et les facteurs de risques cardiovasculaires.

ChefS de projet

Docteur Christophe Larpin, Médecin interne, Service de médecine interne générale, Département de médecine, Hôpitaux universitaires de Genève

Docteure Hannah Wozniak, Médecin interne, Service des soins intensifs, Département de médecine aiguë, Hôpitaux universitaires de Genève

Docteure Silvia Stringhini, Epidémiologue responsable, Service de médecine de premier recours, Département de médecine de premier recours, Hôpitaux universitaires de Genève & Privat docente, Département de médecine de premier recours,Faculté de médecine de l’Université de Genève